à l’écoute de Singapour en France

La semaine dernière a marqué le coup d’envoi du festival Singapour en France, avec le salon Art Paris Art Fair qui a mis la cité-état à l’honneur, et l’ouverture de l’exposition Archipels Secrets au Palais de Tokyo. C’est l’occasion de revenir sur les thèmes du bruit et du son, qui marquent le travail de plusieurs singapouriens.

"Ling Ting n°2", Chen Sai Hua Kuan. DRDès l’entrée du Grand Palais, les visiteurs d’Art Paris Art Fair, la foire annuelle d’art contemporain (c’était du 26 au 29 mars) se pressaient autour d’une œuvre posée sur la terrasse. L’installation de Chen Sai Hua Kuan, est intitulée Ling Ting no.2 (« L’écoute »). Deux tuyaux blancs en volutes laissaient une place à l’intérieur pour le spectateur. Celui-ci entendait sa propre voix résonner à travers cet amplificateur géant. Une forme de coquillage inspirée de Singapour, pays d’origine de l’artiste.

“Cette forme de construction artistique qui mobilise tous les sens ainsi que l’espace public se retrouve chez de nombreux artistes de la région.”

Lola Lenzi, Art paris Art Fair 2015.

Zul Mahmod
Une autre installation de la même série de Zul Mahmod.

Dans cette même veine, on pourra citer l’installation du malaisien Zul Mahmod, sur le stand de la galerie Yeo Workshop. « No Substance – City with no soul », titre explicite pour cet orchestre mécanique de verre et de métal. Pipettes, tubes à essai, fioles, autant d’outils de chimistes utilisés comme les instruments d’une musique froide et sans âme, mais d’un rythme entrainant. La référence au dragon asiatique qu’est Singapour est flagrante, tant la ville est tentaculaire… et inhumaine ? Au-delà de l’aspect machinal de l’œuvre, sa musicalité évoque en revanche le monde traditionnel de l’Asie du Sud-Est et ses percussions rituelles.

Voici un aperçu de l’oeuvre en fonctionnement (il s’agit d’une autre version de la même série):

Changement de décor, et visite de l’exposition Archipels secrets au Palais de Tokyo. Là aussi, Singapour est à l’honneur. On Y trouvera quelques œuvres interactives, comme dans la salle rouge, jonchée d’instruments de musiques de Jedsada Tangtrakulwong (série “Swing”). Des objets à activer soi-même au moyen de projectiles lancés par des élastiques. Leur aspect artisanal et leur son strident font penser aux instruments d’Asie du Sud-Est, gongs, cloches, etc…

Swing 2015 by Jedsada Tangtrakulwong
la salle du Palais de Tokyo exposant les instruments de Jedsada Tangtrakulwong

Un autre artiste a retenu notre attention. Ces œuvres sont discrètes et cachées dans des coins peu visibles. Elles ne semblent pas se prêter à ce genre de grande exposition. Le bruit sur lequel travaille Dennis Tan est imperceptible comme une interférence. Son matériau, des composantes d’enceintes qui diffusent une musique abstraite. Musique bruitiste pourrait-on dire, car l’artiste compose aussi des morceaux de “bruit” et se produit en concert. Ses installations méritent d’êtres observés dans des lieux plus intimes, sans la concurrence de pièce spectaculaires, car nous sommes ici dans l’anti-spectacle. Aperçu vidéo de son travail:

     

Samuel Landée