Retour sur Art Fair // Dijon, nouvelle foire d’art en Bourgogne

Vue du salon Art Fair // Dijon, galerie Pietro Sparta, courtesy agence Millenium Events

Issu du milieu du tatouage, Jean-Marc Bassand fait figure d’outsider dans le monde de l’art contemporain. Il le sait, il devra batailler pour installer la crédibilité d’Art fair // Dijon, la foire d’art qu’il a lancé cette année dans la capitale de Bourgogne. Pour cela, il mise sur les échos favorables des galeries exposantes dont le rôle est mis à l’honneur. Aidé de Raphaël Charpentier le Directeur Artistique, l’équipe d’Art Fair // Dijon se donne pour objectif de valoriser l’importance des galeries, ces rouages essentiels du marché de l’art. « Car le galeriste est avant tout le défenseur des artistes qu’il expose, leur porte-parole », explique Jean-Marc Bassand, avant de continuer : « Plus qu’un marchand, il investit sa passion au service des liens subtils qui le lient à l’artiste. Replacer cette alchimie au cœur de notre Foire nous semble une évidence. » Un discours qui n’est pas sans rappeler celui de l’infortuné Galeristes, le salon parisien lui-aussi tourné vers les marchands d’art, et dont l’édition 2021 a été annulée. Mais la comparaison s’arrête là. Art fair Dijon revendique sa dimension locale et veut mettre en lumière un angle mort du paysage artistique : la région Bourgogne-Franche-Comté, dont le directeur est originaire.

Locale, certes, mais aussi totalement connectée à son environnement européen. Pour justifier le choix de Dijon pour accueillir une nouvelle foire d’art, Jean-Marc Bassand nous raconte comment il a tracé un rayon de 300 km autour de la ville pour s’apercevoir de la centralité de cette métropole : à bonne distance de Paris, voisine de la Suisse et de l’aura artistique bâloise, toute proche du Luxembourg et non-loin de la Belgique, Dijon a le potentiel pour devenir un carrefour culturel européen. Il manquait juste la vision d’une équipe audacieuse et la confiance de quelques galeries de renom pour qu’un évènement de ce genre ait lieu.

Ci-dessus: Le Directeur de la foire, Jean-Marc Bassand (gauche) et son Directeur Artistique, Raphaël Charpentier (droite) sur le stand de la galerie Arnaud Lebecq, devant les oeuvres de Tawan Wattuya.

Vue du salon Art Fair Dijon, stand hommage à Raymond Hains, présenté par Valerius Gallery, courtesy agence Millenium Events.

Deux thèmes ont marqué la direction artistique de cette première édition : La Belgique tout d’abord était mise à l’honneur. Un rappel du destin commun entre la région bourguignonne et le Plat Pays, unis par les Ducs de Bourgogne. Plusieurs galeries belges ont fait le déplacement et ont participé au parcours d’œuvres dans le vignoble bourguignon, organisé en parallèle à la foire. Parmi elles, Lee Bauwens, méritait le détour. Portée par un couple atypique, Minyoung Lee et Gil Bauwens, la galerie est un trait d’union entre les scènes européenne et coréenne. Parmi les artistes coréens établis que la galerie représente, Moon-Phil Shim exposait son travail méticuleux et minimaliste, aux côtés de l’artiste italienne Paola Pezzi et ses sculptures murales aux volutes baroques. Felix Frachon, galerie installée à Ixelles, présentait notablement une sélection audacieuse conceptuellement, entre sculpture, peinture et photographie. D’autres galeries belges comme Art Sablon ou Waldburger Wouters et même un centre d’art bruxellois, la Fondation CAB, exposaient à Art Fair // Dijon.

Le stand de l’atelier Tchikebe proposait des éditions de Christophe Fiat, Bruno Peinado, Raphaël Zarka, Gérard Traquandi, Claude Closky et Jacques Villéglé.

Autre focus d’Art Fair // Dijon, L’édition d’art permet aux collectionneurs au budget limité de s’offrir des grands noms de l’art contemporain. C’est d’ailleurs le pari de l’Atelier Tchikebe, coopérative installée à Marseille, qui n’a pas hésité à « monter à Dijon » pour la foire. Englobant un ensemble de techniques qui vont de la sérigraphie à la lithographie, l’édition d’art se distingue de la reproduction imprimée d’œuvre d’art (le banal inkjet print) par le savoir-faire mis en œuvre dans la production des œuvres. C’est un vrai marché d’amateurs qui s’ouvre aux curieux, loin d’être réservé à une élite comme l’est parfois l’art contemporain. Parmi les éditeurs d’art présents à la foire, on pouvait compter les Éditions Bucciali, Imprints-Galerie, Modulab, Outreloire ou encore La Montagne Magique. D’autres galeries exposantes ont sorti pour l’occasion leur plus belles gravures : sobering galerie par exemple exposait une gravure sur bois impressionnante de la jeune artiste Lucile Piketty. Cette galerie du Marais, spécialisée dans la jeune création, proposait en outre un programme croisant les scènes chilienne et française, au sein d’un accrochage intitulé “Paris-Santiago”. On y découvrait des pépites : côté Chili, on pouvait observer les mini-installations surréalistes d’Andréa Breinbauer, les papiers brûlés de Rodrigo Arteaga, et des peintures aux tons vibrants par Rolankay, José Cori ou Paula Valenzuela Antunez. Côté français, quelques artistes établis comme Thomas Andréa Barbey, côtoyaient des jeunes pousses comme Kenia Almaraz Murillo, sous la protection d’un grand maitre : Pavlos.

Vue du stand sobering galerie, oeuvres d’Andrea Breinbauer, Lucile Piketty, Rolankay, José Cori, Paula Valenzuela Antunez, Kenia Almaraz Murillo et Anine Kirsten.

En somme c’est un bilan encourageant pour Art Fair // Dijon. Une première édition sous le signe de la convivialité, sans aucun compromis qualitatif, grâce aux choix assumés de Raphael Charpentié. La riche programmation comptait aussi une expo vidéo des deux FRAC régionaux, et même un parcours d’œuvres sur la route des grands crus. Ce dernier est visible pendant une année entière. De quoi prolonger le plaisir en attendant la prochaine édition.

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