Aesthethic, le projet neo-dada de Julien Batifol

Détail du Manifeste Aesthethic imprimé sur papier
Détail du Manifeste Aesthethic imprimé sur papier
L’artiste Julien Batifol développe Aesthethic, un projet artistique multiformes qui fait rire ou réfléchir.
Un laboratoire arlésien

C’est dans la galerie Belle Beau, co-fondée avec Pia Copper, que Julien Batifol élabore ses projets artistiques. La découverte de l’Hôtel de Grille, cet ancien cabinet de médecin situé au cœur d’Arles, a tout de suite inspiré Julien. L’histoire médicale du lieu a rendu possible une réflexion autour de la Beauté et de son aspect curatif. Une prolongation également du débat sur les secteurs essentiels ou non, ayant émergé pendant la pandémie. L’Art, domaine du superflu, peut-il se comparer à la médecine, maitresse de toutes les décisions de ces deux dernières années ? Julien amorce une réponse toute en ironie, en se glissant dans la peau de feu Monsieur le Docteur, jusqu’à recevoir ses visiteurs en blouse blanche.

Hall d'entrée de la galerie "Belle: n.m. Beau: n.f."
Hall d’entrée de la galerie Belle Beau à l’Hôtel de Grille, Arles
Un manifeste et un drapeau
Gravure sur marbre du Manifeste Aesthethic

Premier geste artistique, le Manifeste Aesthethic traduit la philosophie de l’artiste. Longue liste de 185 mots mélangeant les vocabulaires de l’esthétique et de l’éthique, il compose un tableau lettriste en capitales romaines. Assemblé en un bloc compacte, sans ponctuation ni espace, le texte du manifeste ressemble autant à un code informatique qu’à une pierre de Rosette indéchiffrable. Il est imprimé sur de grands formats de papier ou même gravé dans le marbre. La pierre est en effet le matériau de prédilection de Julien Batifol. Avec l’aide d’artisans locaux ou de graveurs venus d’ailleurs, il fige plusieurs mots-clés (comme « désir ») sur des plaques qui leur donnent un prestige nouveau.

L’artiste n’a de cesse de jouer avec le registre de l’officiel. C’est ainsi qu’il a réalisé un drapeau pour incarner sa démarche artistique. Composé de chutes de draps blancs provençaux, plus ou moins jaunis, l’étendard « Aesthethic » représente une grande croix, référence supplémentaire à la médecine. Ici elle n’est ni rouge ni verte, mais blanche sur fond blanc : la référence à Malevitch rapproche ce symbole du monde artistique.

Drapeau et plaque Aesthethic, galerie Belle Beau, Arles
Drapeau et plaque Aesthethic, galerie Belle Beau, Arles
Des œuvres en gestation

Aesthethic se donne pour objectif de créer des expériences sensorielles. C’est l’idée, par exemple, du Décomplexeur, une curieuse machine qui jouera avec les sensations des spectateurs, version moderne de l’attraction foraine du siècle dernier. Julien Batifol se servira aussi de son expérience audiovisuelle pour créer un « cinéma sauvage et libre » qu’il a déjà intitulé Superlux. Enfin, le monument en souvenir du Pétrolithique, l’âge bientôt révolu du pétrole, sera bientôt érigé à la galerie Belle Beau.

A voir sur Le Tour de l’Art.com, d’autres articles sur la vie culturelle d’Arles, ses galeries et ses Rencontres de la Photographie (édition 2022).

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