Anne Clergue expose l’art textile d’Afrique du Sud

Portrait d'Anne Clergue dans sa galerie
Portrait d’Anne Clergue dans sa galerie
Pour son exposition d’hiver à la galerie qui porte son nom, Anne Clergue a choisi de sortir de sa zone de confort (la photographie) en exposant des œuvres d’art textile d’Afrique du Sud.

Tout a commencé lorsqu’Anne Clergue découvrit une tapisserie rapportée par Sophie Ferrand-Hazard, curatrice basée en Afrique du Sud. La toile brodée “Mother of Hope”, réalisée par le studio Kopanang, représentait avec simplicité une femme africaine parée de motifs animaux et végétaux. Anne Clergue s’est éprise pour la démarche de la curatrice – mettre en lumière le travail de brodeuses sud-africaines qui maintiennent en vie les traditions esthétiques et les savoir-faire locaux – au point d’exposer dans sa galerie une sélection de travaux issus d’ateliers d’Afrique du Sud.

En passant devant la devanture de la galerie Anne Clergue, on est d’abord piqué de curiosité par une spectaculaire tapisserie, théâtralement suspendue derrière le bureau de la galeriste. L’œuvre « Indigenous cycad » représente avec précision un cycadophyte, arbre tropical ressemblant au palmier. À y regarder de plus près, on distingue la multitude de chutes de feutre et de mohair réemployées par le studio Keiskamma pour réaliser cette œuvre imposante. Les artisans ont réussi à représenter l’arbre avec une précision botanique, jusqu’au relief des feuilles et des fruits, le tout sous la forme organique et aléatoire du patchwork. Le bas de l’œuvre est orné des noms des espèces endémiques de cycadophyte : une pépinière imaginaire.

Indigenous Cycad, atelier Keiskamma, tapisserie en feutre et mohair
Indigenous Cycad, atelier Keiskamma, tapisserie en feutre et mohair

En face, deux autoportraits de brodeuses de l’atelier Kaross donnent un aperçu de la variété des techniques de broderie et d’impression déployées par les artisanes. « L’atelier Kaross, créé en 1989 assurait un revenu à plus de 1400 brodeurs, principalement des femmes, avant que le Covid-19 ne dévaste tout sur son passage », se désole Anne Clergue. La crise a en effet mis fin à de nombreuses activités de broderies, entrainant la perte non seulement d’un savoir-faire, mais aussi d’un lien social qu’entretenaient ces lieux de vie.

Portraits de Noria, Atelier Kaross, tissu, Afrique du Sud

C’était par exemple le cas de l’atelier Heartwork, association de réinsertion qui réalisait chaque année une œuvre collective. Cet exercice de coopération permettait de sortir les participants de la violence, en plus d’être source de fierté et de revenu. L’une de ces pièces annuelles est exposée à la galerie Anne Clergue. Elle figure le mot « Ubuntu », un terme en langue bantoue désignant la philosophie humaniste portée par Nelson Mandela et Desmond Tutu, signifiant littéralement : « Je suis parce que nous sommes ». Une exposition qui réchauffe les cœurs, à voir sur rendez-vous jusqu’au 5 février à la Galerie Anne Clergue, 4 Plan de la Cour, 13200 Arles.

Détail d’une tapisserie de l’atelier Heartwork.

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